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Sherlock, voici une nouvelle affaire

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Jeu 13 Aoû - 0:16
Je me relève, épuisé, à bout de forces, les membres tremblants et la langue pendante. Les oreilles plaquées contre le crâne, je gronde ma souffrance et je serre les dents. Ne pas tomber. Ne pas tomber. Ne pas ... tomber ... Je tourne la tête, je cherche ma soeur. Ma petite soeur dont j'ai tant besoin. Ma petite soeur sans qui je n'serais pas là. Ma petite soeur qui m'a vu mourir et m'a attendu tout ce temps. Ses oreilles sont pointées dans ma direction, et ses membres tremblent autant que les miens. Son pelage hérissé me confirme que l'odeur de peur émane d'elle. Elle est effrayée, elle s'inquiète. Alors je dresse les oreilles et je la fixe de mon regard sombre, sûr de moi. Je vais bien, petite soeur. Je suis là. Mais au fond, il manque encore quelqu'un à l'appel. Un membre irremplaçable de ma meute. Un membre qui n'a jamais demandé à faire parti des miens, et que j'ai choisi sans le vouloir non plus. Je renverse ma tête en arrière et je lance un appel vers les cieux. Ma voix est rejoint par celle de ma soeur, qui rapidement appelle avec moi. Une demande de localisation, un appel au rassemblement. Mais elle n'arrive jamais. La louve sombre ne rejoint jamais nos traces, nos odeurs. Elle est loin, bien trop loin de nous. Elle ne nous entend même pas. Et puis, je comprends. L'esprit humain se rappelle. Tout ça n'est pas réel. Tout ça n'est plus qu'un souvenir, un rêve, un délire parmi tant d'autres. Et lorsque je repose mon regard sur ma soeur, elle est entièrement découverte de son pelage d'argent, et elle gît sur le sol, inerte. Morte.

Je me réveille en sursaut, haletant, le souffle court. Trempé de sueur, je meurs de froid. Je quitte mes draps et je m'assure qu'aucun de mes coloc' n'a été réveillé. Au moins, j'n'ai pas crié. Avec Evelyn, je criais. Il semblerait qu'ici, ma voix ne se permette plus de sortir sans mon accord. Ou alors j'ai la chance d'avoir des partenaires de chambrée avec un sommeil plus lourd que du plomb, et je n'me plaindrais pas de ça. En pleine nuit, je prends mes affaires de toilette et je rejoins les douches. Je me faufile sous le jet glacial malgré le froid qui brûle déjà ma peau, et j'attends les premières lueurs du soleil sans utiliser une seule goutte d'eau chaude. Lorsque le soleil entre par les fenêtres, je sors de la douche et je m'habille lentement, avant que les premiers étudiants viennent prendre leur douche. Ce matin, je me sens trop épuisé moralement pour aller en cours. Par contre, je veux bien rejoindre une salle de classe, histoire de dire que je n'sèche pas, mais que je m'suis trompé. Au pire, le doc' pensera que j'ai eu des hallucinations et que j'ai cru être en cours. Et en attendant, je s'rais tranquille dans une pièce où plus personne ne va depuis des années.

A l'heure des courts, je rejoins le premier étage mais ne m'arrête avec aucun groupe d'élèves. Je continue ma route jusqu'à la salle abandonnée, et je pénètre à l'intérieur après m'être assuré qu'elle était bien vide. Là, dans le silence pensant et la pénombre des stores clos, je soupire de lassitude. Cette vie-ci est trop difficile, trop lente. J'ai trop de temps. Pour réfléchir, pour m'occuper, pour penser. Bien trop de temps pour vivre, et ça m'épuise plus que d'être poursuivi par des tueurs engagés pour avoir ma peau. Je préférais de loin la course poursuite après un meurtre, quand l'adrénaline courait encore dans mon sang et me permettait d'aller plus vite, plus loin, plus haut que mes assaillants. Je préférais ma vie quand mon cerveau ne pensait qu'à survivre. Ici, je dois apprendre à vivre et cette seule idée m'est douloureuse. Je m'assied sur une table et je fixe les stores fermés, imaginant la vue à travers. Les pas dans le couloir ne sont plus qu'un bruit de fond, et mon passé remonte lentement à la surface sans me laisser le moindre répit.
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Aria Mizako
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Aria Mizako
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Ven 14 Aoû - 4:16
Je n’arrive pas à dormir, je pense beaucoup trop, tant de choses emplies ma tête. J’aimerai parfois tomber au sol, me cogner la tête et perdre la mémoire pour tout oublier et laisser dans mon crâne que le vide qui me permettra enfin de trouver le sommeil. Mes yeux me piquent mais quand je les ferme, le sommeil ne vient pas. Je soupire, ces insomnies commencent à me taper sur les nerfs. Je vais finir par aller chercher la poêle et m’assommer avec, sans déconner ! La tête enfuie dans mon coussin, je me mets à balancer une ribambelle de vulgarités en tout genre, puis je termine par me lever et me faufiler dans le lit de Ryoko.

Je n’ai pas mis beaucoup de temps à m’endormir dans les bras de la brune, mais le matin a été plutôt difficile. Je HAIS le matin et encore plus le réveil. Sentant la chaleur de Ryoko quitter le lit, je me mets à gonfler les joues comme une enfant qui se mettrait à bouder. Pourquoi la nuit passe si vite ? Un baiser de sa part et quelques mots doux m’ont rendu le sourire et c’est après m’être étirée que je me prépare enfin pour aller en cours. Et oui, aujourd’hui je ne sèche pas. Quelle mouche m’a piquée ? Roh ça va, ce n’est pas exceptionnel quand même !

Arrivée en salle de classe, en avance, je m’assoie à ma place habituelle près de la fenêtre. Regardant à travers pour observer ce qu’il se passait à l’extérieur, mes oreilles restaient, elles, à l’écoute des paroles prononcées par les A-2. Une rumeur animant la salle de classe abandonnée était le sujet principal de ce matin. Un élève tué dans cette ancienne salle de cours, hanterait encore les lieux et celui qui osera s’aventurer là-bas connaitra les pires souffrances. Je ne peux m’empêcher de rire après avoir entendu ces mots. Tout ça me paraissait tellement ridicule. Mais pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil ? En un an passé dans cet internat, je ne suis jamais rentrée dans cette salle. Il y a une première fois à tout comme on dit !

Moi qui ne comptais pas sécher les cours, me voilà devant la fameuse pièce. Cette dernière est sombre, les volets semblent fermés et vu l’odeur de renfermé que dégage la salle, plus personne ne semble venir ici. Pourtant, même si le soleil n’arrivait pas parfaitement à traverser les quelques trous des stores, la porte, elle, laissait apparaitre assez de luminosité pour distinguer une silhouette au fond de la salle, près d’une des fenêtres. Le fantôme de l’ancien élève ? Tsss, c’est du grand n’importe quoi. Avançant lentement vers la fameuse ombre, je finis par demander à quelques mètres d’elle.

-Qui es-tu ? C’est toi qui es à l’origine de la rumeur du « fantôme » ?

La porte se referma soudain, nous plongeant dans un noir presque total. Un clic se fit entendre avant que des bruits de pas disparaissent peu à peu. Sérieusement ? On m’a enfermée dans cette salle ? C’est quoi cette fucking blague ?! Cherchant un interrupteur sur les murs, je me prends une dizaine de tables avant de mettre la main dessus. La vue enfin retrouvée, j’essaye tant bien que mal d’ouvrir la porte, oubliant totalement l’inconnu près de la fenêtre. Il n’y a rien à faire, sans clé, la porte ne bougera pas. Si je mets la main sur le petit merdeux qui a fait ça, je l’encastre dans un mur ! Je lâche un énorme soupir avant de me retourner et de rester figée sur l’individu. Mon souffle se coupe, je sens une envie de meurtre remonter à la surface. Calme toi Aria, ne laisse pas la violence prendre le contrôle sur toi !

-Qu’est-ce que tu fous ici ?!

Respire Aria, calme-toi, ne fais rien qui pourrait te mettre dans la merde ! Des souvenirs ressurgissent soudainement. Mes poings se serrent. Noah…
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Ven 14 Aoû - 6:12
Les souvenirs remontent, affluent en moi par vagues, se percutent les uns contre les autres ou dansent devant mes yeux comme des acteurs en pleine représentation. Je revois Trybal qui court derrière moi, j'entends encore ses pas dans les allées en pavés. J'entends les ailes du faucon battre furieusement au-dessus de ma tête, et je sens encore la morsure douloureuse de son bec se refermant sur ma peau. Je revois aussi la pièce lugubre où je me suis réveillé il y a quatre ans, et j'entends encore le silence lourd de sens qui m'annonçait à l'époque le début d'une longue, interminable solitude. Je revois Jeni, ce jour-là dans cette école. Je la revois s'asseoir sur le banc du piano, et j'entends encore le frottement délicat de ses doigts qui se mettent en place sur les touches. Je sens encore mon coeur danser au rythme de sa mélodie, et mon cerveau imploser sous la douleur des émotions trop violentes. Je sens encore son odeur, la douceur de ses doigts contre ma joue, et le goût salé de mes larmes roulant dans le creux de ses mains. Je revois Nessa, Heto et Adélia. J'entends encore leurs voix, leurs rires, leurs chamailleries tellement enfantines. Et je revois Evelyn. Evelyn qui m'a tant attendu. Evelyn qui a veillé sur son grand frère mort, alors qu'elle était si jeune. Evelyn qui m'a vu un matin, et à qui j'ai demandé qui elle était. Evelyn, qui a eu si peu de temps ... J'entends No/ La lueur du couloir s'agrandit pour faire place à une silhouette élancée, que j'observe dans le reflet de la fenêtre, devant moi. Une petite blondinette pénètre finalement dans la pièce et s'avance prudemment, comme si j'avais été un danger potentiel. Au fond, c'est probablement le cas.

- Qui es-tu ? C’est toi qui es à l’origine de la rumeur du « fantôme » ?

Je n'esquisse pas le moindre mouvement, et aucun son ne sort d'entre mes lèvres. Je la fixe, dans le reflet de la vitre, et j'attends. Les secondes s'étirent, semblent devenir des heures, et personne ne remue. Je cherche dans mes souvenirs. L'ai-je déjà vue ? Ai-je déjà entendu parler d'elle ? Rien ne me vient, elle est une parfaite inconnue parmi des centaines de parfaits inconnus. Ici, dans ce pensionnat, chaque individu est pour moi une ombre parmi les ombres, un être insignifiant dont je ne prends même pas la peine de mémoriser le visage ou le nom. Je les vois, parfois leur parle, et je les oublie dès lors qu'ils quittent mon champ de vision. C'est probablement la raison pour laquelle je ne demande jamais leur nom à mes interlocuteurs. Parce que même lorsqu'ils décident de me le donner de leur propre chef, je l'oublie immédiatement. Avant que j'aie pris l'initiative de bouger enfin, la porte claque derrière l'élève. Mes yeux s'écarquillent brusquement dans l'obscurité, bien trop importante pour mon cerveau angoissé. Mes doigts se resserrent d'instinct sur la table et sans les voir, je devine que mes phalanges blanchissent. Adam n'est plus qu'un être immobile, comme mort. Adam n'est plus qu'un petit garçon terrifié. Les images s'enchainent dans ma tête, je pense déjà à pleurer avant même d'avoir envisagé d'être courageux, pour une fois. Je revois le visage de Jeni, et je prie mille entités supérieures pour qu'elles l'appellent et la poussent à me venir en aide. Mais rien, juste le choc d'un corps contre les meubles, et la peur qui me dévore.

Aussi brutalement qu'elle m'a été arrachée, la lumière revient et m'éblouit. Je cligne des yeux plusieurs fois et je tâche de me reprendre en un temps record, bien avant que l'inconnue ne s'aperçoive de mon trouble. Personne ne doit savoir. Personne ne saura jamais. Je tourne enfin la tête, lorsque j'ai de nouveau le contrôle total de mon esprit, et je détaille la gamine qui s'affole contre la porte. A quoi bon lutter contre une serrure verrouillée ? Se pense-t-elle suffisamment forte pour la briser ? Enfin résignée, elle laisse la porte tranquille et me fait face à nouveau. Cette fois, ce n'est pas mon dos qu'elle voit mais mon visage, et visiblement il lui en dit plus long sur moi que j'aurais pu croire. Elle, en revanche, je ne l'ai jamais vue. Ou alors elle a été tellement insignifiante que j'ai complètement oublié son existence depuis lors.

- Qu’est-ce que tu fous ici ?!

- Comme toi, j'suppose.

Eh ouais ma belle, les grands aussi ont parfois envie d'oublier les cours. M'enfin pour l'heure, autre chose m'intrigue. Resté assis à ma place, je ne la quitte pas du regard et je cherche dans le sien une réponse à mes questions. Est-ce qu'elle est furieuse parce qu'elle est enfermée ici ? Est-ce qu'elle est furieuse parce qu'elle est enfermée avec moi ? Est-ce qu'elle est furieuse de me voir, spécialement ? Ou est-ce qu'elle est juste d'un tempérament de merde, et qu'elle aime se plaindre et faire la gueule ?

- On s'connait ?

Ouais, ça ira plus vite comme ça.
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Aria Mizako
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Aria Mizako
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Sam 15 Aoû - 5:13
-Comme toi, j'suppose.

Etait-il là car il avait lui aussi entendu parler de la rumeur ? Que pensait-il de cette rumeur ? Qu’elle était vraie ? Fausse ? Pensait-il pouvoir le revoir ? Lui, ce jeune garçon mort dans cette salle ? Les morts ne reviennent pas à la vie, même si on leur a donné la mort, on ne pourra jamais leur redonner la vie. Une fois prise, cette dernière s’éteint à tout jamais mais laisse d’innombrables souvenirs derrière elle. Noah… Mes poings se serrent davantage. Ils n’attendent qu’une seule chose, sentir les os de mon adversaire craquer sous leur vitesse de frappe.

- On s'connait ?

Les battements de mon cœur s’accélèrent, je vais craquer, je le sens. J’ai pourtant appris à contrôler toute cette colère présente en moi depuis mon arrivée ici. Il faut que je vide ma tête, que je pense qu’aux choses positives de ma vie. Je ferme un instant les yeux pour visualiser Ryoko, oui elle, elle sait m’apaiser même quand je suis dans cet état… L’image de Noah réapparait soudain. Mes bras tremblent comme les feuilles d’un arbre secoués par le vent. Je n’ai pas peur, non, l’excitation de pouvoir frapper à nouveau ce mec me fait trembler. La tentation est trop importante, l’envie est irrésistible, ma colère est bien trop puissante et balaye tout effort de résistance. Je me rapproche rapidement de l’énergumène et mon poing part à vive allure, s’écrasant sur son nez. Le sang ne tarde à couler, rouge, une couleur bien familière.

-Tu comptais peut-être le revoir ici… Je peux t’aider à le rejoindre de l’autre côté si tu veux.

Ma voix était glaciale, mon regard rempli de haine. Mes poings redemandaient encore et encore le contact avec la chair d’autrui. Aria tu ne dois pas sombrer ! La colère qui se lisait dans mes yeux disparaissait petit à petit, laissant place au vide, au néant, l’envie de meurtre était là, je voulais voir ce type mort, gisant sur le sol comme une proie laissée à l’abandon par un prédateur. Le simple fait de le savoir en vie me répugnait. Je me sentais partir, plongeant dans un sommeil profond, laissant mon corps à une autre personne, à une autre chose. Comme si je n’étais plus maitre de mon corps, comme si je ne pouvais plus rien contrôler, comme si je ne pouvais plus ME contrôler. Coup de boule à la Zinedine Zidane laissant une bonne trace rouge sur mon front mais aussi sur celui du brun, je reste la tête posée contre la sienne, le fusillant du regard.

-Pourquoi… pourquoi l’as-tu tué ?

Ma voix était froide, mes poings l’étaient moins. Agrippant Adam par le tissu de son haut, je voulais une réponse claire, nette et précise à ma question. Le coup de boule avait ramené mon esprit à la raison, mais pour combien de temps ? On s’était battu dans le passé, on se serait entretué si personne n’était intervenu. Une distance de sécurité avait été mise en place, on ne pouvait plus s’approcher l’un de l’autre. Il n’y a que nous deux aujourd’hui, jusqu’où cette rencontre ira-t-elle ?
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Dim 16 Aoû - 19:58
Quelque chose l'anime, je sens la folie furieuse s'échapper par tous les pores de sa peau. J'ignore pour quelle raison, mais elle m'en veut, à moi et pas à un autre. Alors, je me tourne légèrement pour lui faire complètement face sans pour autant me lever de ma table. Les sourcils froncés je la détaille, l'étudie, cherche à anticiper le moindre de ses mouvements. Mais vu son gabarit et vu le mien, elle n'osera pas attaquer. Elle n'en n'a pas les capacités physique et aussi en colère puiss-t-elle être, elle ne peut pas être assez stupide pour prendre un risque aussi inconsidéré. Ses membres tremblent sous la colère, ou peut-être la frustration de ne pas pouvoir me terrasser. Ou, peut-être, est-ce un délicieux mélange des deux. Subitement elle se rapproche de moi comme si elle allait attaquer, mais je ne peux pas croire qu'elle le fera. Comme tous les êtres de son espèce, elle abandonnera au dernier moment. Il me suffit de rester droit, stoïque, et d'attendre que la bête qui charge se rende compte que je n'ai pas peur et que sa tentative d'intimidation n'a aucune chance de fonctionner. Mais, avant que j'ai pu parer un quelconque coup, je sens mon elixir de vie qui s'échappe de mon nez, et la vive douleur prend peu de temps pour me monter au cerveau et réveiller mes sens. Est-ce qu'elle vient de me mettre une beigne ? Mes doigts passent sur mon nez, essuient le sang, et je regarde le liquide équarlate dans ma paume. L'odeur de fer me brouille les sens, réveille doucement l'animal qui se terre au fond de mon être.

- Tu comptais peut-être le revoir ici… Je peux t’aider à le rejoindre de l’autre côté si tu veux.

Ohw. Alors c'était ça. Avec le choc, les souvenirs reviennent. Un nom, la peur, le désespoir pour la fureur. Les cris etouffés, le sentiment que le temps manque. Des coups, des insultes et le sang, partout. L'odeur de la mort et du feu, de la fumée qui m'emplit les poumons et m'étouffent. La colère, une rage comme je j'en avais pas connue avant. Encore des coups, un corps inerte, et la voix qui se tait. Le corps qui se laisse choir, et mes poings qui frappent encore, puis mes doigts qui se resserrent sur la gorge pour être sûr. Pour mettre fin à la peur, à la colère. Pour donner la mort. Je me souviens de son visage, à elle, quand ils ont annoncé sa mort. Je me souviens de son attitude vengeresse lorsqu'elle m'a retrouvé pour me faire payer. ironiquement, je crois qu'elle est celle qui croit le plus en ma réhabilitation, parce qu'elle est la seule qui ne me croit pas malade. Elle est persuadée que je l'ai tué volontairement. C'est faux, bien sûr. Je me moque pas mal de l'avoir assassiné, mais je ne l'ai pas fais parce que je lui en voulais à lui. J'ignore qui elle était pour lui, mais tout comme moi elle ne l'a jamais oublié. Noah. Elle m'agrippe le col, me balance un coup de tête mémorable et même si je marque un mouvement de recul, je me redresse par automatisme. Ne jamais tomber tant qu'on est pas mort.

- Pourquoi… pourquoi l’as-tu tué ?

Je n'ai pas voulu ça. Je n'ai pas voulu perdre le seul ami que j'ai réussi à me faire. Je n'ai pas voulu assassiner le seul être humain qui me semblait en valoir la peine après avoir perdu tous ceux que j'aimais. Je n'ai pas voulu retirer à Noah ses chances de sortir d'ici, ni lui enlever le fol espoir qu'il avait de tourner définitivement la page sur tout ça. Et, finalement, tout ça est sa faute. Il n'aurait jamais dû venir à moi. Il aurait dû rester dans sa foutue classe avec ses foutus amis, et laisser les dégénérés dans la leur, là où ils sont plus ou moins contrôlés par les adultes. Je fronce les sourcils, parce que je ne peux pas partager avec Aria la détresse que sa mort m'a infligé. Ce n'est pas tant la personne, que je regrette, mais les souvenirs qu'il a fait remonter et qu'il a refusé de m'aider à accepter en mourrant ce jour-là. Mon poing fermé se calle violemment dans le rein droit de la jeune fille, et je la repousse si brutalement que son dos heurte les tables. Agrippée à mon col, elle m'emporte avec elle. Une chance que je pèse quatre-vingt sept kilos, ma masse me permet de reprendre rapidement l'équilibre en la relevant avec moi. J'attrape sa mâchoire dans ma poigne puissante et je redresse son visage vers le mien, furieux. Pendant un instant qui me paraît durer une éternité, je me sentirais presque capable de lui expliquer, d'essayer de lui faire comprendre. Puis, un rictus mauvais se dessine sur mes lèvres et je sais quoi faire. Ma voix résonne comme un murmure à ses oreilles, comme un secret partagé dans un sourire sadique.

- Parce que j'en avais envie.
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Aria Mizako
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Aria Mizako
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Mer 19 Aoû - 5:08
Luttant pour ne pas me transformer en amas de violence, je n’avais pas du tout anticipé une contre-attaque de mon adversaire. Mon dos se crispe au premier coup et la seconde qui suit, il percute violemment les tables derrière moi. Dire que je n’ai pas mal serait mentir, mais je ne me plaignais pas oralement, je me contentais de serrer les dents me concentrant sur autre chose que la douleur. Agrippant toujours aussi fort le brun, la chute a été évitée de peu. Je ne peux empêcher mon visage de se rapprocher dangereusement du sien, sa force est supérieure à la mienne, je ne peux me dégager de son étreinte. Son expression qui semblait être imperturbable depuis le début changea brutalement. Son regard transperçait le mien, son sourire glaça mon sang tout entier.

-Parce que j'en avais envie.

Mon cœur rate un battement, le brouillard envahi ma tête, mes sentiments ne sont plus. Une neutralité absolue, un regard aussi vide que les banques grecques, la meurtrière enfouie en moi avait ressurgie. Un corps sans aucune compassion, sans aucun remord, aucun ressenti, seulement doué pour prendre la vie d’autrui. Mon coude percute violemment son ventre, lui coupant la respiration assez longtemps pour que je puisse me dégager de son emprise. Pivotant sur mon pied droit, je viens me placer rapidement derrière lui, grimpant sur son dos, j’enroule sans perdre une seule seconde mon bras autour de son cou, mes mains tenant fermement sa tête. Tuer ne me fait pas sourire, ni pleurer, je tue avec la neutralité la plus totale. Mes lèvres viennent chuchoter quelques mots à l’oreille du brun, comme si s’étaient les derniers qu’il entendrait, une dernière phrase avant la sentence ultime.

-Ta vie s’arrête au même endroit que lui, quelle ironie.

Il me suffisait de continuer mon geste d’un coup sec pour lui briser la nuque et en finir avec cette histoire. Depuis quand tuer était-il devenu si simple ? De nos jours, donner la vie était devenu plus compliqué que de la prendre, tristesse. Aria, n’es-tu pas ici pour changer ? A quoi ont servi tes efforts jusqu’à maintenant si c’est pour laisser la violence prendre le contrôle à nouveau ? Je ne peux pas changer, je n’y arrive pas, je ne suis qu’un amas de colère haïssant ce monde. Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Tsss, tout ça c’est de la connerie en boite ! Mon bras resserrait de plus en plus l’étreinte, la fin était proche. Aria ! Aria ! J’ai fait une nouvelle rencontre aujourd’hui ! Je crois qu’on va bien s’entendre lui et moi ! Je te le présenterai si tu veux ! Pourquoi ? Pourquoi je me rappelle de ça maintenant ? On a encore bien discuté aujourd’hui avec Adam, c’est une personne assez mystérieuse, mais je l’aime bien. Quelle naïveté Noah… Tu sais Aria, tu as beau avoir tué des gens, je ne pense pas que tu sois une mauvaise personne. Je pense la même chose d’Adam. On est ici car on nous a offert une seconde chance, c’est le moment de la saisir ! Ta gentillesse aura causé ta perte Noah… Ne laisse plus la violence prendre le dessus sur ce que tu es vraiment Aria ! Tu n’es qu’un crétin Noah… La brume encombrant mon esprit se dissipe peu à peu et je fini par lâcher prise, reposant pieds à terre. Mon regard avait retrouvé ses couleurs et ma voix la tonalité d’un iceberg.

-Il me parlait souvent de toi…

Je restai derrière Adam, observant son dos. La vue de sa tête m'aurait donné envie de lui arranger le portrait. Qu’est-ce que tu lui trouvais de spécial Noah ? Ce type, c’est une tête à claque putain !  

-Il t’appréciait beaucoup et te considérait comme son ami… Tu t’es bien foutu de lui enfoiré !

Ma voix était montée en volume, mes poings tremblaient de nouveau. Tu m’as l’air sur les nerfs Aria, ça te dit des Mikados ? Chocolat au lait en plus, tes préférés ! Ma gorge se serre. Noah, tu es parti trop tôt…
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Mar 1 Sep - 7:10
La suite est violente, tant dans sa vérité que dans ses agissements. Je gagne un aller simple pour l'asphyxie pendant de longues secondes, mes poumons refusent de se gonfler d'air pendant un temps qui me semble misérablement interminable. La bouche grande ouverte, les yeux qui fixent l'invisible sans pouvoir la chercher, j'essaie de convaincre mes poumons que la douleur n'est que temporaire, et qu'ils doivent à nouveau se remplir et vite. Et le temps que je parvienne à reprendre une longue goulée d'air frais, la gamine est sur mon dos, à enserrer ma gorge. Sous son poids je ploie légèrement en arrière, sans pour autant tomber à la renverse. Pendant un quart de seconde, je me dis que c'est ainsi que je veux mourir. Par surprise, sans avoir le temps de m'y attendre. Je veux regarder la Mort en face, et que ce soit terminé l'instant d'après, avant que j'aie eu le temps d'avoir peur. Je n'veux pas m'endormir, je n'veux pas rêver d'un monde meilleur et ne jamais me réveiller. Je n'veux pas souffrir non plus, en regardant le monde tourner pendant que je me meurs quelque part. Je veux d'une mort brutale et rapide. Que personne n'ait le temps de comprendre, pas plus moi que les autres. Je me surprends à ressentir l'envie de l'aider, de resserrer ses mains atour de ma gorge. J'ai presque envie de me briser la nuque à sa place, en me servant de ses mains à elle.

- Ta vie s’arrête au même endroit que lui, quelle ironie.

Je sens ses mains se resserrer. Encore. Encore. Encore. Mais, les secondes s'éternisent, deviennent de plus en plus douloureuses. Je cherche l'air dans la pièce, mais elle semble complètement vide d'oxygène. Je lève les yeux au ciel, je sens mes paupières qui se ferment et, sans jamais chercher à me dégager de son étreinte, je me sens partir. Alors, à chaque fois, je rouvre brutalement les yeux sans qu'elle se doute, derrière, que je lutte pour rester conscient. J'attends. Fais-le. Allez gamine. Tourne tes mains, bon sang. Tournes-les ! Tournes-les ... Mais elle me lâche. Elle retombe sur le sol et, dans un réflexe purement incontrôlé, ma main vient entourer ma gorge pour la masser et je me penche en avant dans le même mouvement pour retrouver de l'air. Je ne la regarde pas, je reste là, penché en avant pendant quelques minutes, profitant de la sensation d'être encore en vie. Et, en fait, je n'suis pas sûr de savoir si c'est une sensation agréable ou l'incarnation d'un foutu cauchemar. Rester en vie ? Encore ? Fait chier ...

- Il me parlait souvent de toi …

- En bien j'espère ?

Je me tourne dans un sourire ironique, comme si la question se posait. Il suffisait de regarder Noah dans les yeux pour comprendre, pour voir qu'il me traitait pratiquement comme un Dieu. Comme si j'étais celui capable de le sauver lui et tous les autres. Il voyait en moi une sorte d’idole. Vous savez ? Ce type qui a tant vécu et qui a passé les épreuves les unes après les autres sans s'ébranler, celui que vous admirez tellement que vous buvez ses paroles comme de l'eau pure. Il était persuadé que j'avais survécu à la vie, au monde, sans jamais tomber, sans faillir. Il ignorait, il n'était pas capable de voir que j'étais déjà brisé lorsqu'il m'a rencontré.

- Il t’appréciait beaucoup et te considérait comme son ami… Tu t’es bien foutu de lui enfoiré !

Je me masse encore la gorge quelques secondes. Non, ma belle. S'il existe une personne dont je n'me sois jamais foutu, c'est de Noah. Mais comment te faire comprendre à toi, pleine de haine, emplie de ce sentiment dont j'ai tant besoin pour survivre, que rien ne s'est passé comme tu le crois ? Comment t'expliquer que s'il ne s'était simplement pas appelé ainsi, il serait encore en vie ? Je me redresse de toute ma hauteur, comme si elle ne venait pas de m'étrangler quelques minutes plus tôt. Je la toise comme si elle n'avait pas eu la possibilité de m'abattre il y a à peine quelques instants. J'ai besoin de toi, ma belle. Besoin de ta haine pour qu'il n'y ait plus jamais aucun autre Noah.

- Il était juste trop naïf. Et moi, un chien d'combat qui n'a pas encore perdu. Tu sais où sont les chiens d'combat qui perdent ? Ils pourrissent dans les terrains vagues. Moi, j'suis encore là.

Nourris ta haine, gamine. Détestes-moi autant que Noah m'a aimé. Haie-moi autant que Noah m'a admiré. Répands ta colère dans les couloirs, dans les moeurs, et fais de moi l'incarnation du mal. Ainsi, ma belle, tu protégeras tous les potentiels Noah.
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Aria Mizako
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Aria Mizako
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Jeu 17 Sep - 8:51
Ses mains viennent caresser son cou que je voulais tordre 2 minutes auparavant. Pourquoi m’avais-tu empêché de le faire Noah ?! Ce type ne mérite pas la vie !

-Il était juste trop naïf. Et moi, un chien d'combat qui n'a pas encore perdu. Tu sais où sont les chiens d'combat qui perdent ? Ils pourrissent dans les terrains vagues. Moi, j'suis encore là.

A quoi est-ce qu’il joue putain ! J’ai failli le tuer et lui, il me provoque encore une fois ?! Il n’a pas peur de moi, il n’a pas peur de la mort, mais pourtant, chaque individu a ses peurs. Quelles sont les tiennes Adam ? Noah, comment as-tu pu être « ami » avec un ce mec ? Mon cœur se compressait dès que Noah envahissait mes pensées. Ma colère se ravivait dès que je me rappelais l’auteur de sa mort. Adam l’a tué. Adam l’a tué. Adam l’a…tué ! Mon bras recommence à trembler, il veut frapper, fort, très fort, encore plus fort. Je VEUX tuer Adam. Là, tout de suite, sa présence n’est plus tolérée, il doit disparaitre de la surface du globe. Noah, tu t’es fait tué par quelqu’un que tu considérais comme ton ami, Adam ne mérite que la sentence ultime pour avoir joué avec toi ! Aria, tu es une personne intelligente, qui a tendance à tout observer pour voir qui se cache réellement en face de toi. Mais quand la colère ou la haine prend le dessus, ton rayon d’observation à tendance à rétrécir, tu n’arrives plus à réfléchir correctement. Oublie un peu toute cette colère, tu es plus jolie quand tu souris. Noah, tu es mort…fous-moi la paix !

Le bruit d’une vitre qui se brise rompt le silence qui s’était installé depuis peu. Mon poing saigne, le verre ne l’avait pas épargné. Le bruit allait rameuter les curieux des environs, un adulte finira par arriver assez rapidement, je le savais mais il fallait que je frappe. Si ce n’était pas la fenêtre, c’était lui. Je relève la tête, le foudroie du regard, je le déteste, il m’horripile, je le hais. Serrant dans ma main un morceau de la vitre, le sang coule de plus en plus, mais la douleur ne me fait pas oublier le visage en face de moi. Adam, je serais celle qui mettra fin à tes jours. Je m’approche à pas lents près de lui, attrape son col pour ramener sa tête à ma hauteur, puis lui chuchote froidement à l’oreille.

- Un chien vit moins longtemps qu’un homme. Tu te dis être une bête de combat ? Tu as faux sur toute la ligne. Tu n’es qu’un petit merdeux, un traitre, un vulgaire insecte qui s’attaque aux plus faibles. Tu finiras toi aussi par pourrir dans un terrain vague. Tu seras ma proie que je ferai souffrir, tu ne mérites pas une mort rapide, non, je te tuerai à petit feu...

J’attrape fermement son poignet, plaque sur la table derrière, sa main. Je grave un A en lettre rouge sur cette dernière, entendant la porte s’ouvrir suite à mon geste.

-La chasse vient de commencer, mon empreinte est posée. Toi dont la mémoire est courte, il te suffira de regarder ta main pour te rappeler le nom du prédateur qui t’a pour cible.

Le surveillant tout affolé par la découverte de la scène et des comédiens la peuplant, vient tout de suite se mettre entre nous.

-Vous avez l’interdiction d’être à moins de 100 mètres, l'un de l'autre ! Qu’est-ce que c’est que ce cirque, bordel ?!

Je laisse tomber au sol le verre qui m’a servi de crayon. Calculant à peine le nouvel arrivant, je me dirige vers la sortie sans un mot de plus.

-Jeune fille ! Je vous prie de me regarder dans les yeux quand je vous parle ! Revenez immédiatement !

Je lance un regard aussi noir que le pétrole à l’adulte, puis je continue ma route sans me retourner sous les yeux trop curieux de multiples élèves. Adam, je te tuerai.

Mon chemin s’arrêta aux toilettes, et les quelques personnes présentes n’ont pas tardé à décamper en voyant mon humeur. Resserrant mes mains sur le rebord du lavabo, j’observe longuement mon reflet dans le miroir. Mon corps tremble encore, la colère ne s’est pas dissipée. Ne suis-je qu’un amas de violence ? Je n’arrive pas à m’en défaire, elle prend possession de moi dès qu’elle le peut. C’est ce qui m’amine, ce qui me contrôle et je ne peux rien faire. Sans elle, je ne suis plus rien, je ne suis plus moi. Au final, je ne suis que colère, haine et violence. Tu n’es pas quelqu’un de méchant Aria, tu as un grand cœur. Tu as beaucoup de violence en toi mais tu sais t’en servir pour aider les gens. Tu n’hésites pas à aller au corps à corps pour aider ceux que tu aimes, je t’admire pour ça, tu sais ? Tout ça est faux, je n’arrive à sauver personne. Je voulais aider ma meilleure amie mais au final je n’ai rien pu faire. Je voulais la sauver de toutes ces merdes qui lui tourne autour, je voulais te sauver toi aussi, Noah. Je voulais protéger ceux qui m’étaient chères mais je n’ai servi à rien. A rien ! Je ne suis qu’une bonne à rien ! Tu es assez maladroite avec tes sentiments Aria, c’est ce qui fait ton charme. Mes yeux s’humidifient. T’as cet espèce de pouvoir qui nous fait sourire même quand ça va pas, c’est fou ! Noah, tu n’es qu’un imbécile fini ! Les larmes perlent sur mes joues, en me regardant dans la glace, je me trouve si stupide. Je n’ai pas pleuré lorsque Noah est mort, pleurer est un signe de faiblesse. Je me mets en boule, dans un coin de la pièce, la tête enfuie dans mes genoux, mes larmes ne cessent de couler. Je suis faible. Montrer ses sentiments n’est pas un signe de faiblesse, c’est ce qui prouve que l’on est humain. Noah...tu me manques tellement…
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Ven 18 Sep - 8:21
Elle ne répond rien, n'agit plus. Elle reste là, parfaitement immobile, à se battre contre les fantômes de son passé. Fantômes que j'ai moi-même forgés, dans un sens. Je l'observe en silence, je regarde ses traits se tirer sous la rage qu'elle ressent, je regarde ses poings se serrer tant l'envie de les abattre sur moi la brûle. J'affiche un sourire mesquin, je vois tellement bien, lorsque je regarde mes semblables. Ils sont tous, si prévisibles. Elle est tellement en colère que c'en devient risible, et je manque de me mettre à rire. Elle est si inocente et elle se sent tellement invulnérable, quand elle laisse la fureur prendre le contrôle de son corps. La rage est une forme de drogue redoutable. On la laisse décider une seule fois de nos réactions, et c'en est ensuite terminé de la sagesse, de la réflexion. Plus jamais la rage ne nous laisse tranquille. Elle en veut encore. Encore et toujours plus. Elle ne s'arrête jamais. Le temps passe et elle gagne en puissance, elle prend de l'ampleur dans l'esprit mais aussi, à force, dans le coeur qu'elle transforme en seul muscle cardiaque. Il n'est alors plus question de regrets ou de compassion. Il n'est plus envisageable de chercher à comprendre l'ennemi. On ne veut dès lors plus compatir. J'ignore ce qui empêche Aria de se ruer à nouveau sur moi. Peut-être n'est-elle pas assez en colère pour laisser complètement libre cours à la fureur. Elle réfléchit encore, reporte sa haine.

Mon regard reste rivé à elle, je la fixe sans la voir. J'entends mieux que je ne perçois visuellement ses émotions. Je sens la hargne qu'elle éprouve, le ressentiment qui croît en elle. Elle me déteste comme elle n'a probablement jamais haï personne. Et elle me fait vivre, ô combien elle me fait vivre par cette colère sourde qu'elle dirige contre moi. Je ne me dépare pas de cette grimace narquoise tandis que je lis dans ses yeux toutes les horreurs qu'elle aimerait me faire subir. J'entends son sang goutter sur le sol carrelé de la salle obscure, et je n'esquisse pas le moindre mouvement, debout, adôssé à une table. J'écoute son elixir s'écouler de son poignet comme j'écoutais celui de mes victimes s'échapper de leurs plaies béantes lorsque je les assassinais sans éprouver le moindre remord. Pourquoi regretter quelque chose qui n'a aucun impact sur ma propre vie ? Je n'avais aucun intérêt à m'en vouloir de mettre fin à leurs jours, ils n'étaient rien pour moi. J'aurais, en revanche, peut-être dû m'en vouloir de prendre la vie de Noah. Lui, n'était pas rien pour moi. Il était mon sauf-conduit, celui qui me donnait réellement l'espoir en la rédition d'au moins l'un d'entre nous. J'étais persuadé qu'il sortirait de là un jour, et qu'il parviendrait à vivre normalement, à intégrer le monde. Parce qu'il faisait partie de l'univers, contrairement à moi. Il avait sa place parmi les vivants. Pas moi.

- Je te tuerai à petit feu ...

Je la fixe dans les yeux. A-t-elle parlé plus que ça ? Je crois, oui. Au vue de la détermination farouche qui luit dans son regard, elle m'a probablement servi un discours aussi long qu'ennuyeux sur les moyens qu'elle emploierait pour m'abattre, ou sur la honte qui devrait couler dans mes veines pour avoir trahi le seul être humain qui croyait sincèrement en moi. Malheureusement pour elle, je me fiche pas mal de ce qu'elle pense et bien plus encore de ce qu'elle à l'intention de faire. Je ne la crains pas, tout comme je ne crains ni la mort, ni la vie aussi dure soit-elle. Je suis alors surpris par ses doigts enserrant mon poignet, et au départ je la laisse faire. Peut-être me tient-elle pour m'en coller une bonne sans que je m'interpose. Mais elle plaque ma paume sur le bois froid et, mon bras dans cette position, je ne suis pas en mesure de mettre assez de force dans mon mouvement pour me libérer de son étreinte. La mordure de la lame est froide et douloureuse. Je serre brusquement mon poing libre autour de la manche de la gamine, sans pour autant la tirer en arrière pour la faire lâcher prise. La porte s'ouvre quand elle achève sa menace. Une marque posée, un prédateur à ma poursuite. Plus jamais le moindre répit. J'entends vaguement la voix d'un type qui vient de débarquer dans la salle, mais mon regard est perdu dans les lignes rouges qui ruissèlent sur le dos de ma main.

A. Comme Adam. Le bruit du verre qui touche le sol résonne encore à mes oreilles. La voix du surveillant est lointaine, comme enfouie sous l'eau. Comme si je me noyais sans même m'en rendre compte. La gamine ignore à quel point ce qu'elle a dit est vrai. Il semblerait que ses fantômes ne soient pas les seuls à la pourchasser. Les miens viennent de se joindre à la partie, et ce n'est pas pour me faire plaisir. Je m'apprête à essuyer ma main sur mon pantalon, quand le surveillant me tend un mouchoir en papier. Je l'attrape sans lui prêter la moindre attention et j'éponge le sang qui dégouline, gouttant sur le sol pour venir se mélanger à celui de la gosse. Liés par le sang. Hier et aujourd'hui. Le type m'observe comme s'il regardait un loup blessé, incertain de l'attitude qu'il doit avoir. Se méfier et en même temps, faire son travail et prendre soin de moi.

- Je vais aller à l'infirmerie.

Il semble soulagé de ne pas avoir à m'en donner l'ordre, ni de se sentir obligé de m'accompagner. Escorter un loup blessé et dangereux n'est visiblement pas dans la liste de ses hobbies. Je quitte la salle de cours en silence sous les regards écarquillés de nombreux élèves qui s'écartent de plusieurs mètres à mon passage, sans pour autant me quitter des yeux. Et tandis que je rejoins l'infirmerie, une esquisse de sourire malsain naît sur mes lèvres. La gosse m'a proposé une partie de cache-cache, et j'ai hâte que le jeu commence enfin.
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