Discrétion et vivacité, le meurtre parfait #J.D.Y

Histoire ★

Une altercation qui avait mal tourné, voilà pourquoi elle était là, assise sur son lit, dans une chambre universitaire qu'elle voyait plus comme une cellule qu'autre chose. Au moins, elle ne se sentait pas complètement dépaysé, dans cet internat où tous les élèves avaient plus ou moins quelque chose à se reprocher.
Ce que la jeune femme n'arrivait toujours pas à saisir, c'est comment elle avait pu se retrouver là. Un pensionnat lui avait largement suffit merci, un second internat n'était pas nécessaire. Et le problème de celui-ci, contrairement au premier, c'est qu'elle ne l'avait pas intégré de son plein gré afin de remplir une mission qu'on lui avait confié. Ou pas.
Là, c'était une obligation. Une prison. Voilà comment Jeni visionnait ces lieux.

Reprenons tout depuis le début, car je sens que je commence à en perdre quelqu'un. La feignasse allongée presque nue sur son lit, c'est Jeni. Le genre de fille qu'on aime pas avoir en face de soit lors d'une bagarre, mais plutôt à côté. Pas parce qu'elle était forte non, -sa force était bien trop faible comparé à celle des autres- mais parce qu'elle savait se battre. Avec son corps, son agilité, et sa maîtrise. Et ses armes. Elle en avait toujours au minimum deux sur elle, vu qu'elle portait en règle général des fringues assez courtes pour se sentir à l'aise dans son environnement.  
Pas environnement naturel. Lui, il était chez elle, en Italie, plus précisément aux abords luxueux de Milan, la ville dont elle avait pris possession avec sa famille. Je sens que je commence à en larguer quelques uns.

Jeni, bras droit de la plus puissante famiglia mafiosa, avait été receuillit avec son frère jumeau, par Rewan Harawën, dans les rues de Milan, à l'âge de 12 ans. L'homme blond l'avait prise sous son aile, alors qu'il trempait dans les activités illicites depuis son plus jeune âge, ayant appartenu à déjà deux famiglia différentes, toute deux décimées. L'enfant avait été élevé en plein dedans, jusqu'à atteindre l'âge où elle pouvait commencer à travailler pour le compte de son sauveur. Un âge très bas il faut l'avouer.
En quelques années seulement, elle avait été formé comme une machine de guerre, une tueuse sanguinaire, sadique et cruelle, qui maniait une artillerie bien trop étendu pour son âge, et qui avait développé un sens aiguë des responsabilités, et un esprit critique sans pareil. Quand à son frère de sang, il se contentait de suivre les pas de sa sœur, avec un calme doux et une cruauté largement plus faible.

Voilà ce que l'enfant tremblant dans la ruelle était devenue. Une bête à la botte de son patron, un chien fidèle, une louve sanguinaire. Par devant, on pouvait peindre le tableau ainsi.
Par derrière, son sauveur lui avait permis de vivre, de développer un attachement aux membres de sa communauté, les considérant comme des frères et sœurs.
Les gamins qui traînaient comme elle jadis, dans les rues de Milan, ville dont la famille Harawën s'était emparée, pouvaient avoir la chance d'être surveiller, et d'une certaine manière nourrit et protégés, par une louve sanguinaire que tout le monde connaissait sous le nom de "Jeni D. Yumi" ou un bon nombre de surnoms tous plus ridicules les uns que les autres: "La louve argentée", "Bloody moon", "La tueuse au regard sanglant".

Jeni était métisse. Enfin, c'est ce qu'elle pensait, car la jeune femme n'avait pas connu ses parents. Ses traits étaient un mélange de japonais et d'un européen inconnu. Elle n'aurait su dire, en fait, son cerveau ne possédait que de très vagues souvenirs de son enfance dans la rue. On pensait que l'enfant avait abandonné car son regard étrange pouvait la faire considéré comme "maudite". Mais d'autres plus rationnels, disaient simplement qu'elle était la fille non-désirée d'une prostituée qui s'en serait débarrassée.
Après, quand à savoir comment la petite brune avait réussi à survivre tout ce temps, c'était un mystère.

Désormais, la mafieuse connaissait un des éléments qui l'avait maintenu en vie. Elle l'avait rencontré avant qu'elle ne se fasse adopté, et il avait pris soin d'elle de loin, avant de disparaître sans qu'elle ne sache pourquoi. Nirvan.
Mais, lui aussi avait été effacé de sa mémoire, jusqu'à ce qu'elle le retrouve, quelques années plus tard, lors de la mission qui l'avait conduite pendant un long moment dans un pensionnat lointain.
Bref. La période de son premier internat avait été rayé de sa mémoire au moment où elle avait franchit les grilles de son manoir, sous les aboiements féroces de ses chiens, et les sourires qui l'attendaient à l'intérieur.

Maintenant, elle était de nouveau "emprisonné". Contre son gré, dans un centre de redressement de plus. Tout ce qu'elle ne voulait pas. Et Rewan n'avait aucun moyen de venir la chercher. Pour le moment, sans doute devait-elle rester là à attendre des nouvelles de son boss, pour qu'elle sache à quel moment elle devrait tenter une évasion. Pour l'instant, se tenir tranquille était sa meilleure option. Autant faire la petite fille sage, bien que la directrice possédait son dossier.
Elle voyait de là la tête de cette chère dame devant son dossier, et les nombreux gribouillis qui décoraient la page des "délits commis". Alahlah, ce n'était pas rien après tout...

Quand à pourquoi elle était actuellement là... et bien elle n'avait pas eu de chance. Un mission qui avait mal tourné. Un assassinat à deux, elle et son frère jumeau, une balle qui fait mouche. Les sirènes de policiers, une course poursuite dans une ville inconnue, dans un pays inconnu. Et c'était le drame. La vie de son jumeau qui commençait à perdre beaucoup de sang, ou la sienne. Le choix avait été rapide. La mafieuse avait repoussé le jeune homme dans une ruelle sombre, le laissant appeler de l'aide, alors qu'elle s'enfuyait sur les toits inconnus de son terrain de chasse.
Bien que rapide et discrète, elle n'avait pas su échapper aux brigades de police spéciales et armées jusqu'aux dents. Il s'en était fallu de peu pour qu'elle parvienne à s'enfuir. Mais cet homme avait tiré, la faisant chuter de quelques mètres sur un étalage.

Quand ses yeux vairons s'étaient ouverts, elle avait cru qu'elle resterait un bon moment dans cette prison avant de pouvoir s'enfuir. Mais on l'avait transféré ici, et depuis, elle attendait un ordre, un signe de vie de la part de son boss.
La tueuse espérait cependant que Rewan ne prenne pas tout son temps pour venir la chercher, elle avait du taff et avait suffisamment donné niveau pensionnat. Enfin, c'est ce qu'elle pensait.

Se redressant et marchant jusqu'à sa fenêtre, la brune aux formes graciles, seulement couverte d'un tee-shirt masculin et d'une culotte, tira une cigarette de son paquet, avant de s'adosser au cadre de la fenêtre. Son regard plongea en contrebat, alors que ses poumons expulsaient la fumée grisâtre qui alla flotter au-dessus d'elle. Les prunelles froides et bicolores dardaient leurs lueurs bestiales sur les petits délinquants plus bas, alors que son ventre commençait à la brûler. Ses doigts la démangeaient, alors que sa bouche s'asséchait lentement. Son esprit hurlait à la lune. Son corps criait au meurtre.