Allcass. Ganja Babe.

Histoire ★ T'es née dans un berceau doré. T'as vécu dans un château de strass et paillettes, mais t'as toujours été seule. Non, c'est vrai t'avais toutes tes peluches, tes poupées monster parce que les barbies tu leur arrachais la tête et bouffais leurs cheveux. Mais tes parents, c'était comme des pigeons voyageurs. Ils ne captaient pas que t'avais besoin d'autre chose que la dernière guitare ou le dernier écran plasma. Ouais, l'affection, ils ne connaissaient pas et toi t'as donc jamais connu les câlins, les bisous, les caresses dans les cheveux quand on a une bonne note. Non, toi, ils te donnaient la carte bancaire et ils se cassaient à l'autre bout du monde. Oh et parfois, t'avais le droit à un coup de fil lors de Noël. "Joyeux Noel ma puce, on revient dans une semaine, tu verrais comme c'est beau Hawai !" Dans ces moments-là t'avais juste envie de les gifler. Ils avaient le pognon pourtant pour t'amener à Hawaï, en Guadeloupe, en république Dominicaine, au Japon et j'en passe. Mais non, ils préféraient y aller que tous les deux, faire comme s'ils n'avaient pas d'enfant. Ouais, ce sont des égoïstes, des gens qui fuient leurs responsabilités. Mais tu ne leur en parlais pas, tu faisais comme si de rien n'était. Tu t'inventais une vie, mais ça n'a duré qu'un temps.

Au bahut, au collège, au lycée. Tu n'étais pas aimée. Non. Loin de là. T'étais la meuf rebelle qui a pourtant tout ce qu'elle veut. On venait vers toi pour le fric. Et toi t'étais tellement candide à cette époque que tu leurs offrais tout ce qu'ils voulaient. Tu te sentais aimé. Mais eux, ils n'en n'avaient rien à foutre de toi. Et t'as compris qu'après tes conneries que tu ne valais rien pour eux .
Tu voulais tellement te faire aimer Allie, que, tu étais devenue une fille facile qui ne comprenait rien à la vie. Les mecs veulent tirer leur coup ? "Allez voir Allie, elle a un grand lit. Vous aurez juste à rester le matin." Ouais parce que toi t'en avais rien à foutre de ton corps, tu te haïssais déjà à cette époque. Tu voulais juste de l'affection, ne plus être seule le matin. Vous captez ? Juste de l'attention, de l'affection. Sauf que tu t'y prenais comme un pied.  Apporter sur un plateau d'argent tout ce que veulent les autres ce n'est pas être leurs amis.

Et dès tes 15 ans ça a été la chute libre. Y' a eu des révélations, des rumeurs. Des "Allie , c'est une pute." C'était mal interprété. Trop mal interprété. Ils captaient rien non. Alors t'as commencé à avoir de mauvaises fréquentations. T'étais plus à la maison, les domestiques commençaient à te gueuler dessus. Et toi en bonne petite rebelle, tu leur faisais des fuck. Rien à foutre. Ce n'était pas tes parents, ils n'avaient rien à te dire. Ouais, t'étais encore puéril. À force de te bercer d'illusion, tu n'as pas évolué. On t'a tiré dans la boue sans même que tu t'en rendes compte. "Allie, essaye ça, tu vas te sentir bien." Et ils te donnaient une petite seringue. Et ça a été l'engrenage. Tout a été si vite. T'es devenue accroc. T'es devenue une héroïnomane en deux-deux. T'as commencé à cultiver de la beuh pour eux. Ils se servaient de toi. Et toi en bonne petite fille naïve, tu laissais faire. Tu faisais des putains de soirées avec came et tout le tralala juste pour eux. Et non, tu ne te sentais pas bien avec eux. Tu rigolais ouais. Une fois camée, vous êtes pareils. Mais une fois que vous redescendiez sur terre, c'était plus le même univers. Seule la musique et la drogue vous liaient.

Et tu l'as connue, elle, à 16 ans. Ouais, alors que tu étais en train de planer. Elle a débarqué chez toi, t'as foutu un poing dans la gueule et t'as emmené dans son repère. Tu n'as rien dit. Tu t'es laissée faire, comme d'habitude, tu ne pleurais pas, tu ne stressais pas, tu t'en foutais royale. Elle voulait du fric, elle allait en avoir. T'avais la carte bancaire de tes parents dans ta poche. Ça allait être vite réglé. Tu lui as donné de l'argent. Un chiffre exorbitant, 2 Millions. Et puis, bizarrement, elle ne t'a pas relâché de suite. Elle t'a parlé normalement. Enfaîte, tu l'intriguais. Tu n'étais pas comme ces gens qui crient et pleurent pour sortir d'un kidnapping. Non, toi, tu restais calme, comme si c'était normal. Comme si ça devait arriver un jour ou l'autre. Et t'as appris à la connaître. Elle t'a prise sous son aile. Elle t'a aidée, elle t'a appris la vie. Elle t'a appris à devenir qui tu es maintenant.  Et grâce à elle, t'as fais un gros fuck à tous ces gens de ton bahut. T'es arrivée. T'étais plus la même, t'étais plus celle qui souriait tout le temps, qui donnait ce qu'on voulait d'elle. Fini d'être ce mouton trop gentil mais tu étais à présent seule, bien évidemment il y avait Aria, mais elle avait des projets, et vous n'étiez pas tout le temps fourrées ensemble. Et puis, elle n'était pas au lycée avec toi. 

Malheureusement d'ailleurs. Pourquoi ? Parce qu'après avoir dit les quatre vérités à ton groupe de junkie. Ce fut la misère pour toi. On taguait ton casier, on y lisait « sale pute », « sale gosse de riche » et j'en passe. On t'envoyait des lettres anonymes de menaces. On te tabassait dans les toilettes, à la sortie de l'école. Et tu étais seule face à ça. Personne ne pouvait faire grand chose, parce que tout le monde craignait ces gens là. Et toi tu te laissais faire parce qu'il n'y avait que ça à faire. Et tu ne voulais en parler à personne. Tu subissais tout ce qu'on t’affligeait. À tes gouvernantes, tu disais que tu te bagarrais souvent. C'était faux, tu te faisais tabasser. Et ce qu'ils leurs déplaisaient c'est que tu te laissais faire. C'était que tu fasses comme si de rien n'était, alors que tout les soirs tu te scarifiais, tu te piquais une fois de plus, tu ne mangeais presque plus. Mais ça ils ne le savaient pas. Alors, tu t'es réfugié dans la culture de la beuh, dans le deal, ça te permettait d'être un peu fière de toi, d'avoir un peu d'estime de toi. Ca te permettait d'oublier. Tu dealais de plus en plus, tu t'étendais de plus en plus. Tu as crée une nouvelle variété de beuh et elle a fait fureur, bien évidemment ça n'a pas plus à tes anciens potes. Tu te faisais trop de blé, tu ne leurs en donnais plus. En fait tu te réfugiais derrière ça. Tu as appelé ta beuh « SweetDown ». Comme son prénom l'indique très bien, lorsqu'on en prenait, c'était une douce chute à chaque latte tirée. 

Alors un jour, pour te faire réagir, ils t'ont coincé dans un coin d'une rue sombre. Ils t'ont assommée et mis un sac plastique sur la tête pour ne pas que tu voies où ils t'emmenaient. Et dès qu'ils arrivèrent à l'endroit prévu, ils enlevèrent le sac qui recouvrait ta vue. C'était un bunker sale, avec des objets dits malsains, des fouets par exemple. Ils t'ont déshabillé, attaché, ils ont commencé à te maltraiter, te tabasser, te mutiler en écrivant "Sale pute" "Coquine" "Sale gosse de riche", ils t'ont même poignardé la cuisse,  te donnait des coups dans les reins, des coups de fouet sur tout ton corps jusqu'au sang. Tu hurlais, tu leur suppliais d’arrêter, mais ils n'en avaient pas fini avec toi. Oh que non, c'était jouissif pour eux de te voir les supplier. Et alors ils t'ont tous violés. Ils étaient quatre, ils faisaient partie de ton ancienne bande. Et après ça, ils sont partis te laissant nue recroquevillée sur toi-même le corps saignant, les larmes coulant à flot avec un petit mot "Si tu dis quoi-que ce soit, on te tue, c'est clair ?" Et tu savais qu'ils étaient capable de le faire. Oh que oui. Alors tu ne dis rien à personne, tu as même arrêté l'école. Tu souffrais en silence, tu pleurais en silence. Tu hurlais en silence. Mais tu n'en parla jamais.

Et t'as maintenant 19 ans, tu deales sans cesse. Tu te cames sans cesse,  tu te détruis à petit feu. Tu veux de l'attention. Tu veux qu'on s'occupe de toi. C'est pour ça que tu fais tout ça. Tu veux de la reconnaissance. Tu veux tes parents. Et un jour, tu te refais choper. Ce fut la goûte d'eau qui a fait déborder le vase. Coup de téléphone à la maison. "Votre fille est au commissariat, elle a dealé de la beuh aux passants et elle est en manque." Perquisition au château. 1 kilo d'héro dans la salle d'eau. On t'a prise en flagrant délit pour ta culture mais ce n'était pas un hasard, on t'a dénoncée en vérité.

Tu t'endors une larme au coin de l'œil. Le lendemain, tes valises ont été préparées. Tu pars. Tu t'éloignes d'eux. Tu leurs fais honte. Une fille droguée et dealeuse, ce n'est pas ce qu'ils auraient voulu, alors ils te dégagent. Ils fuient leurs responsabilités comme ils l'ont toujours fait et t'envoient dans une école de correction, non loin de Marseille.

Tu es rentrée à l'internat Kyrie au mois d'avril.

Et ça fait maintenant quatre mois que tu es à Kyrie. Quatre mois que tu n'as plus de nouvelles de tes parents. Ils t'ont laissé une très grosse somme d'argent (avoisinant les 16 milliards) sur ton compte en banque en guise de cadeau d'adieu et voilà, pas de lettre, pas de coup de fil, rien. Tu t'es faite abandonnée pour de bon, Allie. Mais au moins, t'as retrouvé Aria, c'est vrai, tu l'avais planté comme ça, en lui laissant juste un pauvre petit message, en mode "Bon, meuf, je me suis faite arrêtée, je vais dans un internat de délinquants. Je pense à toi." Et elle t'a rejoint quelques temps plus tard.

Mais ça ne va pas. Loin de là, tu continues à faire tes conneries, à te piquer pour oublier, tu hais tellement ton corps que parfois tu le vends. Tu couches à droite et à gauche. Tu fugues le soir pour aller rejoindre ton groupe de musique. Tu ne manges plus non plus. Tu n'as aucune relation avec les autres de l'internat. Tu restes dans ta chambre à pleurer, à déverser un torrent de larmes. Il faut que tu te bouges. Réveille toi AllCass !